Pourquoi avoir peur ? méditation de Isaïe 41,1.
« Ne crains pas : je suis avec toi ; ne sois pas troublé : je suis ton Dieu. Je t’affermis ; oui, je t’aide, je te soutiens de ma main » Isaïe 41,10
Le contexte du chapitre 41 du prophète Isaïe, est celui où Dieu veut faire comprendre à son peuple, que ceux qui l’ont délaissé en faveur des idoles sont complètement fous. Ils le sont davantage, lorsqu’ils croient que leurs idoles peuvent combattre et pire, peuvent avoir le contrôle sur Dieu. Par son saint prophète, Dieu choisit de redonner courage à ceux qui lui appartiennent et qui veulent lui être fidèles. Il a simplement besoin de leur confiance, pour en temps voulu, prendre leur parti contre leurs ennemis. Il les assure de leur victoire sur leurs ennemis et va provoquer même un heureux changement dans leurs affaires.
Un message pour toi
Quel message d’actualité ! Comme ceux du peuple d’Israël qui étaient concernés par cette invitation de Dieu à rester sereins, tu es peut-être en train de traverser un moment de ta vie, où des incertitudes t’ont induit dans une posture où tu partages ton cœur. Au lieu d’en faire le lieu où Dieu trône souverainement conformément à la demande qu’il t’a faite ” écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force ; ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur » (Dt 6, 4-6), tu as accepté qu’y prennent place quelques marchands d’illusion. Si tu prends le courage de les nommer, ces marchands s’appellent horoscope, ils se prénomment jeux de hasard, ils répondent au nom de divination etc. Ton cœur a cédé un certain espace à des intrus, en oubliant que l’occupant naturel, est jaloux et qu’il t’a bien prévenu ” car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux …” (Dt 5, 9b). Mais la bonne nouvelle avec lui, c’est qu’il n’est jamais tard pour lui revenir puisqu’il te dit : « Ne crains pas ». Selon le Barnes’s note on the Bible (1), « ce verset est clair dans sa signification et est plein de consolation. Il doit être considéré comme s’adressant principalement aux Juifs exilés pendant leur longue et douloureuse captivité à Babylone ; et l’idée est que ceux qui avaient été choisis par Dieu pour être son peuple spécial n’avaient rien à craindre. Mais la promesse est une promesse qui peut être considérée comme adressée à tout son peuple dans des circonstances similaires, et il est aussi vrai aujourd’hui qu’il l’était alors, que ceux que Dieu a choisis n’ont rien à craindre ». Tout se passe dans notre tête, lorsque nous envisageons la situation que nous vivons ou que nous traversons, comme étant dangereuse et nuisible, au point que nous en avons peur. Tu crains parce que tu donnes de l’importance à ce qui ne mérite pas ton attention. Ne pas craindre, comme la lettre à Diogène le dit, « c’est libérer notre esprit, travailler à abandonner ce à quoi nous étions habitués, c’est enfin contempler, non seulement avec vos yeux, mais avec votre intelligence, la substance et la forme de ceux que vous déclariez et jugiez dieux ». Ne pas craindre et saisir la main que Dieu vous tend, c’est résolument rechercher ces dieux que vous avez fabriqués vous-mêmes et qui vous distraient dans votre désir sincère de suivre le vrai Dieu. Qu’est-ce qui vous fait peur ? De manquer des ressources financières pour réaliser votre projet de construction, de manquer de ces ressources pour subvenir aux besoins des nombreuses sollicitations qui vous assaillent ? Avez-vous peur de refuser certaines compagnies parce que vous serez moins aimé et moins considéré ? Vous craignez peut-être que les rêves de réussite ne se réalisent pas au point que l’appel du Seigneur à Lui faire confiance sonne mal dans vos oreilles et dans votre cœur ? Dieu vous dit « ne crains pas ». « Tous ces objets comme interroge la lettre à Diogène, ne sont-ils pas de matière corruptible ? (…) Ne sont-ils pas tous sourds ? Ne sont-ils pas aveugles ? Ne sont-ils pas sans vie ? Ne sont-ils pas dépourvus de sentiment ? Ne sont-ils pas incapables de bouger ? Ne sont-ils pas tous susceptibles de pourrir ? Ne sont-ils pas tous corruptibles ? ». Tout ce qui nous attire, qui brille et dont le manque nous inspire la peur et la tristesse, ne peut nous apporter une infime part de la joie que nous procure le fait de placer notre confiance en Celui qui nous dit de ne pas craindre.
Je suis avec toi ; ne sois pas troublé : je suis ton Dieu.
Notre tendance est de délaisser celui qui seul peut assouvir notre faim et étancher notre soif, et de nous user en recherchant ce qui n’est qu’illusoire. Le Seigneur en effet nous parle « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Apocalypse 3, 20). Dieu nous parle, mais nous ne l’écoutons pas, il nous supplie mais nous ne l’entendons pas. Saint Bede le vénérable commentant ce passage nous interpelle : « Le Seigneur se tient à la porte et tape quand il met dans notre cœur le souvenir de sa volonté, soit à travers la bouche de l’homme qui nous enseigne, ou par sa propre inspiration. Quand sa voix se fait entendre, nous ouvrons la porte et le recevons lorsque nous donnons notre accord à ses conseils, soit dans le secret ou de façon manifeste, et que nous nous appliquons pour accomplir ce que nous reconnaissons devant être fait. Il vient pour prendre son repas avec nous et nous avec Lui. Il demeure dans les cœurs des siens à travers la grâce de son amour pour les restaurer toujours grâce à la lumière de sa présence. Il y demeure afin qu’ils avancent de plus en plus vers les désirs du ciel et aussi pour que Lui-même puisse soutenir leur zèle pour le ciel. » (Homélies sur les évangiles).
Oui, je t’aide, je te soutiens de ma main
Laisse ton cœur, ton esprit se remplir de ce qui est plus qu’une promesse car ton Dieu affirme, qu’il t’aide, qu’il te soutient de sa main. Avant toi le roi David a vécu ce que tu vis et a crié sa confiance, fais comme lui : « Le jour où j’ai peur, je prends appui sur toi. Sur Dieu dont j’exalte la parole, sur Dieu, je prends appui : plus rien ne me fait peur ! Que peuvent sur moi des êtres de chair ? » (Psaumes 54 :4). Nous n’avons qu’un seul effort à fournir, lui vouer notre cœur pour ne pas nous enfoncer dans notre perdition ainsi que le suggère le livre des chroniques « Car les yeux du Seigneur scrutent toute la terre, pour affermir ceux dont le cœur est tout entier à lui. Tu as agi en insensé dans cette affaire : désormais, il y aura des guerres contre toi. »
Rev. Fr. Joseph Kinda