Mariason

Du Silence de Dieu.

Pour justifier leur éloignement de Dieu ou de l’Eglise, certains chrétiens évoquent le silence de Dieu face à leurs supplications et cris d’appel. Dans cet article, nous n’allons pas discuter du sens parfois erroné que l’on a de la prière, comprise comme une concaténation de formules mathématiques ou chimiques aux effets immédiats. Nous voulons à partir de la définition du silence, et des allusions au silence faites dans la Bible, aider à comprendre le vrai sens de ce silence qui n’a aucune acception de vacuité, mais qui est bien tonitruament rempli de Dieu.

Comment définit-on le Silence ?

Le premier sens que donne le Larousse au mot silence, est l’absence de bruit dans un lieu calme. Ce premier sens aurait pour synonymes le calme, la paix ou la tranquillité, tandis que ses contraires sont le bruit, la clameur, le tapage ou le vacarme. Aidons-nous de la parole de Dieu dans le premier livre de rois, 1 Rois 19 pour notre cheminement. Le prophète Élie avait réagi pour défendre l’honneur de Yahvé son Dieu en faisant égorger tous les prophètes de Baal. Le roi Achab ayant informé sa femme Jézabel de cet agissement du prophète, provoque la colère de celle-là qui promet d’en finir avec celui-ci. Dans sa fuite pour se sauver de la mort imminente, Elie tombe dans le désespoir et demande à Dieu de lui enlever la vie. L’ange du Seigneur va alors lui remonter le moral, lui apporter à manger et l’inviter à poursuivre la route car lui dit-il « il est long le chemin qui te reste ». Après quarante jours de marche, Elie renoue avec le découragement et l’envie de mourir. Une promesse lui est alors faite de se placer sur la montagne et d’y attendre le passage du Seigneur. Voici ce qui se passe selon 1 rois 19,11-13 : « À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : « Que fais-tu là, Élie ? ». L’immensité de Dieu, la grandeur du Très-autre selon Bertrand de Margerie, dispose tout être humain qui aurait été à la place d’Elie, d’attendre Dieu dans tout ce qui s’apparente à son être. Le vent violent, l’ouragan, le tremblement de terre, le feu, véhiculent tous en effet, l’idée de force ou de puissance, et auraient tout naturellement été les vecteurs « transporteurs » de Dieu. Cependant ni l’un ni l’autre de ces éléments dynamisants n’ont contenu Dieu, qui a choisi de se fébriliser dans le « murmure d’une brise légère ». Pourrions-nous à partir de ce récit asserter que l’autre nom de Dieu est silence, ou que Dieu se dit dans le silence ?

Une autre définition que donne le Larousse du silence, est l’action, le fait de se taire, de ne rien dire. Leurs synonymes seraient la pause, le repos, le temps. A quel moment dans la Parole de Dieu est-il question de Dieu qui se repose ou qui se tait ? Dans Genèse 2, 1-3 nous lisons ceci : « Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et tout leur déploiement. Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia puisque, ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de création qu’il avait faite ». Ici le silence de Dieu, son repos équivaut à une bénédiction, une sanctification. Le silence de Dieu ici encore n’est donc pas vide ou l’expression d’un refus de nous écouter.

Comment Dieu parle-t-il ?

Quand nous nous referons à la Bible, nous nous rendons compte que Dieu parle aux hommes qui le cherchent, de plusieurs manières. Il parle par exemple par le Saint-Esprit qui s’exprime à travers les rêves, les visions, les paroles de connaissance et des prophéties. Attention, je ne suis pas en train de dire que dans tous nos rêves on peut entendre la voix de l’Esprit. L’histoire des personnages bibliques comme Joseph, Moise, Job, peuvent nous aider à comprendre comment le Saint Esprit utilise ces canaux sus mentionnés. Ensuite, Dieu nous parle à travers la Bible. Dieu parle aux gens par la voix de leur cœur lorsqu’ils lisent, étudient et écoutent la Bible. S’il parait silencieux, c’est surement nous qui ne lisons pas comme il faut. Pour entendre Dieu dans les Ecritures, il nous faut avoir un plan de lecture. S’inscrire pour un cours biblique, dans un groupe de méditation, se faire accompagner, fournir toujours un effort pour personnaliser ce que nous lisons et méditons. Dieu également nous parle à travers la création, comme décrit dans Romains 1 :18-20 « Or la colère de Dieu se révèle du haut du ciel contre toute impiété et contre toute injustice des hommes qui, par leur injustice, font obstacle à la vérité. En effet, ce que l’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, car Dieu le leur a montré clairement. Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité. Ils n’ont donc pas d’excuse ». La nature autour de nous, peut parfois être en train d’émettre une réponse à une supplication que nous avons faite monter vers Dieu. Par le passé et cela est plus connu, Dieu a parlé par l’intermédiaire des prophètes. Dans l’Ancien Testament en effet, Dieu parlait souvent par l’intermédiaire de prophètes ou envoyait des anges pour transmettre des messages. Ce n’est pas parce qu’Il nous a envoyé son Fils, qu’il arrête de nous parler. Le psaume 90/91, 11 nous rappelle comment Dieu nous parle toujours au point qu’« il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins ». Cet amour si grand qu’il déploie pour nous ses enfants est un rappel qu’Il nous parle souvent à travers les circonstances que nous rencontrons. Ainsi continue-t-il de nous parler à travers l’Église au travers de ses ministres que sont les évêques et les prêtres et pasteurs. Dieu parle aux hommes de différentes manières, selon la diversité des moyens qu’il leur donne de le comprendre. La communication de Dieu peut être simple, comme un seul mot, ou elle peut être plus complexe et faire appel à tous les sens. Face aux prières donc, le silence de Dieu n’est qu’apparent. Pour l’entendre, peut-être sommes-nous appelés à soigner la qualité de notre écoute.

Comment écouter Dieu ?

Qui aimons-nous écouter aujourd’hui ? Il me semble que la manière dont nous écoutons tout ce que nous entendons aujourd’hui, influe sur la manière dont nous écoutons Dieu, et explique pourquoi nous n’entendons pas Dieu. Un élève ou un étudiant passe plus de temps avec ses parents puis avec ses enseignants, mais il va préférer faire confiance, c’est-à-dire mieux écouter ce qui lui est dit hors du cadre de la famille ou de l’école. Il est indiscutable que la plupart des mauvais comportements de la jeunesse ne lui est pas transmise ni à la maison par les parents, ni à l’école par les enseignants. Ce n’est donc pas que les parents ou les enseignants sont silencieux, c’est plutôt que l’écoutant choisit d’écouter ailleurs. Ils écoutent ou ils entendent ce qu’ils veulent entendre, ce qui flatte l’oreille. C’est cette manière qui gouverne la manière d’écouter des hommes de notre temps. Les politiciens emmènent dans un suivisme grégaire des foules qui se délectent d’entendre leur distiller des discours qu’ils aiment entendre. Ce courant est si fort qu’il se déporte même dans les églises, que certains chrétiens cessent de fréquenter parce qu’ils n’y entendent pas les prédications escomptées. C’est de cette manière que nous écoutons Dieu sans l’entendre. Nous prières se présentent souvent comme des ordres donnés à Dieu qui n’a plus qu’à les exécuter. Nous ne dialoguons pas avec Lui. Nous lui dictons à peine ce que nous voulons qu’Il fasse. Tout est clair dans notre esprit mais souvent notre plan n’est pas celui de Dieu. Ecouter Dieu c’est le rechercher, désirer voir son ordre établi pour nos vies. Lorsque nous atteignons cette étape, nous atteignons un niveau où c’est Dieu qui inspire notre prière et celle-ci ne peut que coïncider avec son plan à Lui. Notre prière donc avant tout doit consister à ne pas nous agiter en traçant les sillons pour Lui. Cherchez-le d’abord dans la prière, c’est-à-dire, méditer sur Sa Vérité qui est qu’il nous aime et nous écoute comme le dit le psaume 65, 2-3 « Il est beau de te louer, Dieu, dans Sion, * de tenir ses promesses envers toi qui écoutes la prière ».
Les tout premiers mots de l’évangile de Saint nous rassurent sur le fait que nous écoute. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ». Dieu le Père n’a jamais été sans le Verbe comme le dit Saint Jean Chrysostome. Il est communication en permanence mais ne se fait entendre que dans un dialogue où l’écoute mutuelle est capitale. Quand il parait silencieux, il nous invite à nous taire aussi pour mieux l’entendre. Lorsque nous nous taisons et que ce silence n’est pas rempli de bouillonnement contestataire mais plutôt de disposition confiante, la réponse de Dieu se fera distincte et nous saurons qu’il nous répond toujours.

Rev. Fr. Joseph Kinda

One Response

  1. Great article Mon Pere – God speaks to us in the calm, the peace and tranquility – soooo necessary in our lives. Amen! Applause!

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Latest Posts