Mariason

Du Malade et du prisonnier ton frère.

Saint Chrysostome commentant l’évangile de Saint Matthieu 25, nous interroge : « Ton ennemi ne souffre-t-il pas assez pour que tu vainques et maitrises ta résistance à lui être compatissant ? ». En nous inspirant de cette interrogation, cette présente méditation se veut une prière qui s’inspire de l’appel de l’auteur de la lettre aux Hébreux 13,3 : « Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers ; de ceux qui sont maltraités, comme étant aussi vous-mêmes dans un corps ».

Le contexte du passage biblique.

Le mot « souvenez-vous » indique que la lettre aux Hébreux était adressée à des gens qui savaient déjà que les prisonniers avaient besoin de prière et de soutien. L’auteur veut conduire les croyants à savoir s’identifier aux prisonniers comme s’ils étaient en prison avec eux. L’emploi des termes est clair, le croyant doit se voir comme « enchaîné » avec le prisonnier, « maltraité » comme le prisonnier. Le même thème est repris par Saint Paul dans sa première lettre adressée aux Corinthiens (1 Co 12 : 26). Nous pouvons également voir, en lisant la lettre aux Hébreux, que les prisonniers chrétiens hébreux se trouvaient en prison dans des conditions épouvantables. La signification de Hb 13, 3, pourrait être alors, que tous les gens possèdent un corps physique similaire. N’importe qui pourrait être confronté aux mêmes mauvais traitements que ceux qui sont actuellement jugés. Comme Saint Augustin l’a dit, l’amour s’exprime dans l’identification aux autres en difficulté. Quand tout va bien pour nous, nous avons tendance à oublier que tout le monde ne jouit pas du même bonheur que nous. La lettre aux Hébreux veut nous rappeler que lorsque nous nous identifions aux problèmes des autres, nous sommes plus disposés à nous mettre à leur place. Si nous avons été sans emploi par exemple, nous pouvons plus facilement nous identifier à d’autres qui sont également au chômage. En tant que chrétiens ou personnes de bonne volonté, nous devons rechercher ceux qui sont en difficulté pour les aider à comprendre qu’ils ne sont pas seuls dans leur difficulté (Mt 7 : 12). Nous sommes prêts à les accompagner dans leurs difficultés.

La joie de Dieu c’est l’homme debout et libre.

Dieu a créé l’homme libre et tout lien qui nie cette liberté entame la dignité de l’homme. La maladie qui le retient au lit, la prison qui l’isole participent dans la durée, à la restriction et à l’affaiblissement de cette liberté si fondamentale à la réalisation de tout humain. Dans les pays dits pauvres et en voie de développement, la couverture quasi inexistante d’une assurance maladie, expose le malade à une prise en charge précaire et aléatoire. Il n’est pas rare que beaucoup choisissent de rester à domicile pour contrer la maladie avec des moyens inadéquats et si souvent vite épuisés. Là où existe encore cette valeur de la solidarité et de compassion, le concours de tous les membres de la famille bien élargie aide certes, mais s’avère insuffisant. Le malade a besoin d’aller puiser dans le tréfonds de son être pour survivre et vaincre la maladie. La progression vers la guérison cependant, peut devenir moins lancinante si le malade se sait entouré et porté dans des cœurs qui compatissent. Il en est de même pour les prisonniers.
Aucune personne ne désire être privée de sa liberté d’aller et de venir, de vaquer à ses occupations et de disposer de son temps comme elle veut. Malheureusement, les circonstances de la vie conduisent des frères et des sœurs à devoir affronter cette réalité de la prison. Comme les malades sur leur lit d’hôpital ou à la maison, les prisonniers ont besoin de sentir le soutien de ceux qui se font solidaires avec eux. Saint Paul l’avait rappelé aux Corinthiens quand il leur disait : « Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui » (1 Corinthiens 12,26). De même qu’aucun patient n’achète la maladie, de même aucun prisonnier ne peut s’enorgueillir d’être gardé en cellule. Certes, l’être humain peut par la mauvaise opération de ses choix alimentaires, s’exposer à certaines maladies, et son entourage peut le lui en vouloir. De la même manière, un prisonnier peut être bien inexcusable pour le comportement qui l’a conduit à l’incarcération. Coupable de mauvaises habitudes alimentaires ou coupable de conduites pénales, tout malade ou tout prisonnier a besoin du soutien des autres humains et spécialement des croyants. Cela sans oublier que dans les prisons du monde entier, modernes ou rudimentaires, croupissent des millions d’innocents ou de personnes sans défense. Joseph dans la Bible en est bien un exemple. « Il prit Joseph, et le mit dans la prison, dans le lieu où les prisonniers du roi étaient enfermés : il fut là, en prison ». Genèse 39 :20. Voici Joseph au plus bas de sa fortune, précipité en un instant par un mensonge. Il fait face à une situation dévastatrice. Sa progression vers l’élévation est subitement entravée, par la confiance qu’il perd de son maître, et par la haine criarde d’une méchante femme. Y a-t-il plus innocent qu’un être qui voit sa carrière détruite à cause de sa bonté ? Comme Joseph, ils sont nombreux dans les prisons, privés de parole et donc sans défenses. Ils ont besoin de force pour crier vers Dieu, ils ont besoin de nous pour être solidaires avec eux dans la prière et la pensée, ils ont besoin de notre réconfort.

Prions pour les malades et les prisonniers.

Seigneur, c’est de toi que Saint Paul a dit qu’ayant la condition de Dieu, tu n’as pas retenu jalousement le rang qui t’égalait à Dieu. Mais tu t’es anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Et reconnu homme à ton aspect, tu t’es abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. (Ph 2, 6-8). Les malades dans les hôpitaux ou à la maison ainsi que les prisonniers souffrent dans leur chair, une réalité qui ne t’échappe pas. C’est pour nous en délivrer que tu es venu sur la terre. Prends pitié nous t’en prions, de nos frères et sœurs malades ou en prison. Ton Saint Pontife Jean-Paul II avait dit que « celui qui se trouve en prison pense avec regret ou avec remords au temps où il était libre, et il subit lourdement un temps présent qui semble ne jamais devoir finir. Une forte expérience de foipeut apporter une aide déterminante à l’exigence humaine d’atteindre un équilibre intérieur même dans cette situation difficile ». Accorde cette foi en toi à nos frères et sœurs malades ou en prison. Beaucoup d’entre eux souffrent doublement de la maladie et de l’isolement. La précarité oblige des parents à abandonner tout recours aux soins pour des malades qui peuvent pourtant guérir. Les jugements hâtifs, la peur du regard des autres poussent certains parents à ne plus rendre visite aux leurs en prison. Seigneur qui a dit « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” (Matthieu 25, 34-36), suscite par le monde, des croyants qui prennent à cœur ces paroles, qui les mettent en pratique et qui redonnent le sourire et l’espoir aux malades, qui redonnent le sourire et le droit de rêver aux prisonniers. Bénis et réconforte s’il te plait Seigneur les malades et les prisonniers connus ou inconnus et qui sont simplement mes frères ; accorde-leur à l’intercession de celle que tu nous as donnée sous la croix pour mère, notre Dame des douleurs, de garder intacte la joie de vivre et de se savoir utiles, amen.

Rev. Fr. Joseph Kinda

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