Mariason

 « Que devons-nous faire ? » (Lc 3, 10-18)

Chers frères et sœurs,

Nous sommes dans le temps de l’Avent, un temps d’attente et de préparation pour la venue de notre Seigneur Jésus-Christ. En ce troisième dimanche de l’Avent, l’Évangile de Luc nous présente un dialogue profondément significatif entre Jean-Baptiste et ceux qui viennent à lui pour recevoir le baptême. La question récurrente qu’ils posent est : « Que devons-nous faire ? » Jean-Baptiste, en prophète inspiré, répond à cette question en donnant des instructions pratiques à différents groupes de personnes : la foule, les publicains et les soldats. Ses réponses mettent en lumière l’importance de la justice, de l’honnêteté et de la compassion dans notre vie quotidienne.

En ces jour où se déroulent les tribunaux populaires au Burkina Faso, cet appel du prophète Jean-Baptiste doit nous interpeler tous. En écoutant les accusés dévoiler leurs forfaits, ne cédons pas à la tentation de les condamner. Pensons à ce que nous-mêmes aurions pu faire si nous étions à leur place. Face à l’argent ou au gain, nous avons presque tous la même tentation, celle de prendre pour soi. Regardez comment souvent les jeunes diplômés recherchent l’emploi. Chacun désire travailler dans les services où l’on brasse l’argent, là où il y a des projets, là où il y a des deals, 13e mois etc…Et quand ces jeunes salariés mènent des vies de luxe après quelques années de travail seulement, aucun membre de la famille ne s’inquiète, aucun ami ne s’inquiète et ne pense à appeler comme Jean-Baptiste à la justice, à l’honnêteté. Bien au contraire, c’est devenu l’homme de tous. Les parents sont fiers de présenter leur fils à tout le monde ; on devient le fiston de valeur pour les oncles et les tantes parce que leur bière et leurs scooters de luxe sont financés. Jean-Baptiste nous interpelle, que devons-nous faire ?

1. L’appel à la justice et à la charité

Lorsque la foule demande à Jean ce qu’ils doivent faire, il répond : « Celui qui a deux tuniques, qu’il en donne à celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même. » (Lc 3, 11). Pourquoi dit-on souvent que le temps de l’Avent est aussi appelé petit carême ? L’Avent est un temps de préparation, non seulement à la naissance du Christ, mais aussi à son retour. Et comme le Carême, L’Avent nous invite à ralentir, à faire le point et à tourner notre cœur vers Dieu. C’est pourquoi l’Avent est depuis longtemps connu comme le « petit carême », une période plus calme et plus courte de réflexion et de pénitence. Ici, Jean nous appelle à la justice sociale et à la charité. En ce temps de l’Avent, nous sommes invités à partager nos biens avec ceux qui sont dans le besoin. C’est un rappel que la foi chrétienne se manifeste non seulement par nos paroles, mais aussi par nos actions concrètes envers nos frères et sœurs. Saint Basile le Grand nous enseigne : « Le pain superflu que tu détiens appartient à l’affamé ; les vêtements qui prennent la poussière dans ton armoire appartiennent à celui qui est nu. » Tandis que le prophète Isaïe 12, 2-3 nous rappelle la source de notre confiance et de notre courage dans cette entreprise : « Voici le Dieu de mon salut : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte… Vous puiserez de l’eau avec joie aux sources du salut. »

2. L’intégrité dans nos professions

Aux publicains, qui collectaient les impôts, Jean dit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » (Lc 3, 13). Et aux soldats : « Ne faites ni violence ni tort à personne, et contentez-vous de votre solde. » (Lc 3, 14). Ces réponses soulignent l’importance de l’intégrité et de l’honnêteté dans nos professions. Peu importe notre métier, nous devons agir avec droiture et justice, évitant toute forme de corruption ou d’abus de pouvoir. Saint Jean Chrysostome nous rappelle : « Dieu ne désire rien de plus que notre honnêteté ; car, pour lui, ce que nous possédons n’est rien, ce qu’il regarde, c’est le cœur. » En suivant cette voie, nous répondons à l’appel du prophète Isaïe à reconnaître et proclamer les œuvres de Dieu : « Proclamez que son nom est sublime. Jouez pour le Seigneur, car il a fait des prodiges. » (Is 12, 4bcde, 5).

3. La préparation du cœur

Enfin, Jean-Baptiste nous rappelle que ces actions extérieures doivent refléter une conversion intérieure. Il prêche un baptême de repentance pour la rémission des péchés, préparant ainsi le chemin du Seigneur. En nous préparant à la venue du Christ, nous devons également examiner notre cœur et chercher à nous réconcilier avec Dieu et avec nos prochains. Isaïe 12, 6 nous encourage à cette attitude de joie et de louange : « Criez de joie et d’allégresse, habitant de Sion, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. » Et Saint Augustin nous exhorte à une transformation intérieure en disant : « Que chacun commence donc par changer en lui-même ce qu’il veut voir changé chez les autres. »

Conclusion

Chers frères et sœurs, la question « Que devons-nous faire ? » est aussi pertinente pour nous aujourd’hui qu’elle l’était pour ceux qui écoutaient Jean-Baptiste. En ce temps de l’Avent, nous sommes appelés à la justice, à l’intégrité et à la charité. Que nos actions reflètent notre foi et notre préparation pour accueillir notre Seigneur. Puissions-nous, par notre vie et nos œuvres, préparer le chemin pour le Seigneur et témoigner de son amour et de sa justice dans le monde. Puisse l’Eucharistie de ce jour nous aider tous, Amen.

Rev. Fr. Joseph Kinda

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Latest Posts