De la dette mutuelle obligatoire entre frères de sang.
Le monde est constitué de l’imbrication et de l’entrecroisement entre les individus et les groupes, que nous appelons les relations humaines. Dans une certaine mesure, c’est grâce à ces relations que la société existe. Elles fournissent de la compagnie et de la communication, et au travers d’elles, nous donnons et recevons de l’amour et de la compréhension. Grâce aux relations, nous nous développons, nous grandissons et nous apprenons, et c’est à partir d’elles que nous acquérons l’estime de soi, l’identité et la signification. Le socle familial qui devait se prêter comme le terreau le plus favorable pour une telle fraternité, malheureusement se retrouve souvent être la pépinière des oppositions et divisions fratricides.
Qui est mon frère ?
Pour nous chrétiens, toute l’Écriture parle de relations, tant avec Dieu qu’avec nos semblables. La notion de relation évoque évidemment des mises en situation, une coactivité, un agir ensemble. La pluralité des acteurs suppose naturellement la possibilité des divergences, l’émergence de dichotomies et même des oppositions parfois. Et contre toute attente, certaines des relations les plus difficiles sont celles du cercle familial, en particulier entre frères et sœurs. Il existe en effet, des familles où l’on ne voit les frères et sœurs ensemble que lors des décès et des funérailles. Souvent même, la célébration des événements douloureux comme les funérailles provoquent des oppositions ouvertes et des palabres qui mettent à nue, des divisions familiales longtemps couvées. Affront pour les ancêtres. Pourtant, dès le début, le plan du Seigneur a été de faire de la famille, le principal cadre dans lequel chacun de nous développe son identité, son estime de soi, sa valeur personnelle et sa relation avec Dieu. Nos frères et sœurs jouent un rôle essentiel, en contribuant à déterminer non seulement qui nous sommes, mais aussi qui nous devenons.
Les frères et sœurs nous offrent une occasion unique de donner et de recevoir de l’amour, ainsi que de développer la tolérance, l’appréciation des autres, les aptitudes à la communication, la capacité de pardonner et la compréhension d’un véritable compagnonnage. L’Écriture nous propose des principes bien clairs au sujet des relations entre frères et sœurs. Pour commencer, retenons que nous devons laisser à un frère ou à une sœur la liberté de développer ses propres caractéristiques et capacités et la liberté de poursuivre l’appel unique de Dieu dans la vie. Marthe et Marie dans les récits de Saint Luc 10 :38-42 et de Saint Jean 11 :20-44, montrent bien qu’elles deux avaient des personnalités très différentes, mais aussi que chacune avait une façon d’être unique avec le Seigneur. Ces différences de comportement permises par le créateur, n’ont pas pour objectif d’opposer les frères, mais plutôt de les appeler à la complétion, au dépassement pour s’enrichir mutuellement. Cet appel à la complémentarité est si vrai que son non-respect déplait tant au Seigneur lorsqu’on en vient à critiquer ses frères et sœurs en public.
Le respect du frère relève du sacré.
La volonté du Seigneur est que les frères, tendent à résoudre leurs différends dans l’intimité du cercle familial. L’illustration parfaite nous vient du livre des Nombres 12 :1-15. Ce passage nous relate comment Miryam a payé un prix élevé, pour avoir critiqué publiquement le choix d’une épouse par son frère. « Parce que Moïse avait épousé une femme éthiopienne, sa sœur Miryam et son frère Aaron se mirent à le critiquer. Ils disaient : « Le Seigneur parle-t-il uniquement par Moïse ? Ne parle-t-il pas aussi par nous ? » Le Seigneur entendit. Or, Moïse était très humble, l’homme le plus humble que la terre ait porté. Soudain, le Seigneur dit à Moïse, à Aaron et à Miryam : « Sortez tous les trois pour aller à la tente de la Rencontre. » Ils sortirent tous les trois. Le Seigneur descendit dans la colonne de nuée et s’arrêta à l’entrée de la Tente. Il appela Aaron et Miryam ; tous deux s’avancèrent, et il leur dit : « Écoutez bien mes paroles : Quand il y a parmi vous un prophète du Seigneur, je me fais connaître à lui dans une vision, je lui parle dans un songe. Il n’en est pas ainsi pour mon serviteur Moïse, lui qui, dans toute ma maison, est digne de confiance : c’est de vive voix que je lui parle, dans une vision claire et non pas en énigmes ; ce qu’il regarde, c’est la forme même du Seigneur. Pourquoi avez-vous osé critiquer mon serviteur Moïse ? » La colère du Seigneur s’enflamma contre eux, puis il s’en alla. La nuée s’éloigna de la tente, et voici : Miryam était couverte d’une lèpre blanche comme de la neige. Aaron se tourna vers elle, et voici qu’elle était lépreuse. Il dit alors à Moïse : « Je t’en supplie, mon seigneur, ne fais pas retomber sur nous ce péché que nous avons eu la folie de commettre. Que Miryam ne soit pas comme l’enfant mort-né dont la chair est à demi rongée lorsqu’il sort du sein de sa mère ! » Moïse cria vers le Seigneur : « Dieu, je t’en prie, guéris-la ! » Mais le Seigneur dit à Moïse : « Si son père lui crachait au visage, n’aurait-elle pas honte pendant sept jours ? Qu’elle soit donc exclue du camp pendant sept jours ; après quoi, elle sera réintégrée. » Miryam fut donc exclue du camp pendant sept jours, et le peuple ne leva pas le camp avant qu’elle ne soit réintégrée. » Saint Ambroise commentant ce passage dans « Ancien Faith Study Bible » note que « la prophétesse Myriam elle-même, qui traversa à pied le détroit de la mer avec ses frères, ne connaissait pas encore le mystère de l’Éthiopienne et murmurait contre son frère Moïse. Elle tremblait à la vue des taches blanches de la lèpre, dont elle aurait à peine été délivrée si Moïse n’avait prié pour elle ». Quand l’adage populaire déclare l’homme comme un loup pour l’autre, il pourrait déclarer « le frère comme un remède pour le frère » car c’est le créateur qui le veut ainsi. Sortis du même sein sans se choisir, les frères ne se réalisent véritablement qu’en honorant le souvenir de ce réceptacle qui les a couvés, qui leur a communiqué le même souffle, le même sang. Quand un royaume est divisé contre lui-même ne va-t-il pas à sa perte ? (Marc 3, 24).
La fraternité bannit la jalousie.
Saint Luc nous invite à nous réjouir sans jalousie ni mauvaise volonté lorsque de bonnes choses arrivent à nos frères et sœurs (Luc 15 :11-32). En addition à cette célébration de la réussite des frères, nous devons toujours faire de notre mieux pour présenter nos frères et sœurs au Seigneur et édifier leur foi, tout comme André a présenté Simon Pierre à Jésus (Jean 1 :40-42). Étant donné que les relations entre frères et sœurs dépendent en grande partie de la manière dont ils perçoivent l’estime de leurs parents, il incombe aux parents de traiter tous leurs enfants avec le même amour et la même valeur, comme le fait notre Père céleste. Bien évidement et en même temps, chaque enfant doit être élevé en fonction de ses capacités et attributs uniques. L’unité et la diversité doivent être liées à l’unité et à l’individualité, le tout dans le cadre des objectifs et de la direction unifiés de la famille. L’invitation nous est faite donc à poursuivre la réflexion aujourd’hui. En considérant la liste des principes ci-dessus suggérés, êtes-vous en mesure de percevoir une occasion du passé où vous avez fait le contraire ? Il est capital d’approfondir la réflexion sur ce qui s’est passé pour affiner la manière dont vous gérerez différemment une situation similaire à l’avenir.
Prière possible des parents pour leurs enfants.
Dieu notre Père, je Te remercie pour chacun de mes enfants. Je prie pour que Tu leur donnes le désir de protéger le lien de l’unité entre eux (Romains 15 :5). Aide-les à être dévoués les uns aux autres dans un amour fraternel et à s’honorer les uns les autres au-dessus d’eux-mêmes (Romains 12 :9-10).
Seigneur, inspire aux frères et sœurs des familles ou il n’y a pas l’entente, de travailler ensemble pour le bien des autres, en vivant et en grandissant en harmonie chaque jour. Aide-les à être compatissants et humbles dans leur façon de vivre ensemble. Lorsque des querelles surgissent, incite-les à la réconciliation afin que les frictions puissent être résolues rapidement et d’une manière qui profite à tous. Aide-les à faire preuve de maîtrise de soi et de sagesse dans leurs paroles et leurs actions les uns envers les autres (1 Pierre 3 :8-9). Seigneur, là où il y a l’unité, tu accordes la bénédiction et la vie (Psaume 133 :1,4). Je prie pour qu’il en soit ainsi dans toutes les familles et spécialement dans les familles où les divisions ont déjà pris place. Empêche-les de se comporter de manière grossière ou hargneuse les uns envers les autres. Apprends aux plus jeunes le respect des ainés, et aux aînés l’amour et le respect réciproque. Aide-les à pardonner entièrement et complètement, sans laisser la rancune ou l’amertume aigrir leur cœur les uns contre les autres. Seigneur, aide les parents à surmonter les partis pris et les favoritismes pour protéger leurs liens familiaux. Donne à tous à se faire confiance, à espérer le meilleur les uns pour les autres et à persévérer dans l’édification mutuelle dans l’amour et la vérité (1 Corinthiens 13.4-8). Par Jésus ton Fils notre Seigneur, Amen.